Lettre d’information internationale GM-PSA n°16-juin 2019
Cette conférence sera particulièrement importante, vu la lutte concurrentielle exacerbée des monopoles automobiles pour occuper la première place au marché mondial et face à l’accélération du glissement dans la catastrophe environnementale. Tout cela se situe dans le contexte de la crise structurelle dans l’industrie automobile survenue avec la conversion à l’électromobilité.
Cette crise structurelle est elle-même liée à une autre crise structurelle, qui se déroule sur la base de la numérisation de la production, et à des présages d’un virement dans une nouvelle crise mondiale économique et financière. La lutte concurrentielle exacerbée entre les monopoles automobiles internationaux pour être en tête du marché mondial sera menée sur le dos des employés et de leurs familles et au détriment de l’environnement naturel. En tant que travailleurs de l’automobile, nous nous trouvons confrontés à ce grand défi de passer à l’offensive internationale.
General Motors se concentre sur les domaines les plus profitables (surtout les grands pickups), et après son retrait de l’Europe, de l’Afrique du Sud et de l’Inde, il rejette aussi une série de modèles plus petits ayant des marges de profit plus faibles, voulant fermer huit usines au total. PSA essaie de continuer à démanteler le personnel en Europe et à augmenter l’exploitation.
Chaque groupe s’efforce, à l’aide d’une manipulation social-chauviniste, d’emballer son personnel dans cette lutte concurrentielle contre d’autres personnels. Car tant à l’intérieur du groupe que de la branche, les groupes ont tous peur de notre lutte commune pour les emplois, les salaires, les conditions de travail et pour la sauvegarde de l’environnement naturel.
Chez General Motors, on s’affaire surtout à diviser les travailleurs d’Amérique du Nord et du Mexique. En Amérique du Nord, en Corée et en Colombie, on prévoit une réduction massive du personnel.
PSA supprime également massivement des postes et continue à fermer des usines moins grandes. Après St. Ouen (Paris), elle veut abandonner Hérimoncourt (près de Sochaux), l’usine d’origine de la famille Peugeot. Elle prévoit également encore des réductions du personnel dans les usines de Mulhouse, d’Aspern, d’Ellesmere Port, de Glivice, de Rüsselsheim, de Kaiserslautern et d’Eisenach, pour disposer d’un personnel restreint, qui, au besoin, sera renforcé par des intérimaires. Une partie du centre de développement à Rüsselsheim sera vendu à Segula. Et cela, ce n’est que le début. En même temps, GM et PSA investissent sans conviction dans les propulsions électriques et négligent en particulier le développement de la technologie des piles à combustible. L’emploi de batteries et de propulsions hybrides n’est pas une solution durable dans le sens d’un système d’un trafic sans émissions.
Contre la destruction prévue des emplois, il y a une série d’actions de luttes :
Le 11 mars, dans l’usine PSA de Hérimoncourt (France), les deux équipes ont fait grève contre la menace de fermeture, fortement soutenus par la population.
À Rüsselsheim et à Eisenach (Allemagne), il y a eu toute une série de petites actions combatives pour le maintien des postes de travail et d’apprentissage, comme des manifestations et des flash-mobs des manifs lors d’assemblées du personnel, des actions de signatures etc. Le personnel a obtenu un succès partiel, car on continuera la formation professionnelle à Rüsselsheim et à Kaiserslautern. La lutte continue pour la formation au même ou à un meilleur niveau dans toutes les usines.
Dans l’usine de GM Oshawa au Canada, il y a, depuis novembre, des grèves et des actions contre la menace de fermeture de l’usine de 3.000 employés. Les 8 et 9 janvier, il y a eu des grèves « sit-in » auto-organisées, que GM a déclaré comme illégales. Eh bien, nous ne pouvons quand même pas attendre qu’on nous donne la permission pour défendre notre existence ! Le 8 février, le personnel du sous-traitant Lear a fait grève.
Aux États-Unis, il y a une évolution importante, dont le centre se trouve à Detroit : c’est le mouvement pour une transformation radicale de la production automobile vers des moteurs zéro-émission, vers des énergies renouvelables et des produits adéquats. Des forces importantes du mouvement ouvrier et écologique se sont réunis, recevant le soutien de quelques députés du Congrès. L’idée de ce mouvement est que seules les forces unies des mouvements travailleur et écologique seront capables de venir à bout des puissants groupes des industries automobile et pétrolière. Le 20 février, ces forces ont tenu un forum public à Detroit, intitulé « Green New Deal », qui était lié avec une manifestation devant le Show automobile. Notre camarade Frank Hammer est un des porte-parole de ce mouvement pour les droits des travailleurs et pour l’environnement. Il a déclaré lors du forum public : « Il est peu probable que nous résolvions la crise climatique dans le capitalisme. » et Il a rajouté que cela était également valable pour la garantie d’un bon poste de travail. « C’est seulement dans le socialisme que nous aurons le cadre nécessaire pour créer une société vraiment humaine, juste et équitable. » La deuxième Conférence internationale des travailleurs de l’automobile en Afrique du Sud aura la tâche très importante de discuter en profondeur ces expériences et ces positions, pour que les travailleurs de l’automobile se placent en tête de la lutte pour sauver l’environnement. Il n’est pas nécessaire d’être d’accord dans toutes les questions concernant la perspective sociétale ou la voie vers une société libérée, mais il est nécessaire de discuter ces questions et de créer une force unie et puissante autour des questions prédominantes sur lesquelles nous sommes d’accord.
L’oppression politique en France, contre laquelle nous avons protesté à plusieurs reprises, a atteint de nouveau un triste point culminant : de l’avis du Procureur de la République, neuf collègues du syndicat CGT de l’usine PSA à Poissy devraient être condamnés à six mois de prison avec sursis. Il s’agit d’une soi-disant séquestration de 17 minutes. Devant le tribunal de Versailles, il y avait une manifestation avec des délégués de plusieurs usines automobiles. Nous appelons à protester contre ces projets. Le jugement sera prononcé le 28 juin. Vous pouvez envoyer des messages de solidarité à l’adresse de ulcgtyvelinesnord@wanadoo.fr
Dans le Groupe de coordination internationale, on a discuté en novembre une proposition, reprise d’une rencontre des représentants du Brésil, de Colombie et d’Allemagne, d’organiser une journée internationale d’action. En général, l’idée d’une journée d’action au niveau du groupe de General Motors est certainement juste et nécessaire. Mais c’était une erreur de lancer une telle journée d’action pour le 1er février, avec un délai très court et sans consultation approfondie des représentants de tous les personnels et syndicats concernés. Après les expériences de nos journées d’action bien réussies du passé, nous aurions dû le savoir. Avant les journées d’action réussies, nous avions eu en partie des rencontres avec des représentants de plusieurs personnels, où le planning et la préparation avaient été délibérés à fond. Lors de la journée d’action fixée le 1er février, il y a eu une manifestation devant l’usine à Sao José dos Campos/Brésil, mais dans les autres usines, on n’a pu organiser que des actions de moindre envergure, comme par exemple une déclaration commune de collègues d’Eisenach. Une journée d’action si spontanée ne peut pas aboutir à un plein succès et montrer notre force. En Allemagne par exemple, pour pouvoir organiser de telles journées d’action, il faut faire un long travail de sensibilisation parmi le grand nombre des syndiqués et généralement se battre contre la volonté des dirigeants du syndicat. En plus, pour nous en tant que travailleurs de l’automobile, lors d’une journée internationale d’action, nous ne pouvons pas seulement réagir directement aux attaques, mais devons nous concentrer sur nos revendications offensives communes : réduire le temps de travail sans perte de salaire, sauver l’unité entre l’homme et la nature, obtenir des droits politiques comme le droit légal intégral et universel de grève et la lutte contre le virement vers la droite des gouvernements, y compris contre la préparation aux guerres impérialistes.
Nous devons en tirer la leçon de préparer une journée internationale d’action avec un plus grand délai et en profondeur. Car il est nécessaire de montrer notre force au niveau international, et de cette manière de recruter aussi de nouvelles forces.
Notre deuxième Conférence internationale des travailleurs de l’automobile vient au bon moment, tant contre les tentatives de nous diviser que pour le regroupement international des personnels par-dessus les frontières entre différentes entreprises et entre différents pays. Cette deuxième conférence devra décider d’un programme international de lutte. Il faudra mettre particulièrement l’accent sur l’unité que constituent les questions économiques et écologiques, mais aussi délibérer de questions de la lutte contre le virement des gouvernements vers la droite (et pas seulement aux États-Unis, au Brésil, en Turquie ou en Inde) ou de la lutte pour la paix.
Il est maintenant grand temps de jouer à plein la mobilisation et la préparation de la conférence en Afrique du Sud et de réaliser des collectes de dons pour les frais de voyage. Il est important de discuter rapidement la participation, de s’inscrire, selon les pays de demander les VISA, de réserver les vols et d’élire des délégués dans chaque pays. Il faut par exemple un visa pour l’Afrique du Sud en venant d’Inde, de Colombie ou du Mexique.
Pour permettre à la Conférence des travailleurs de l’automobile de prendre des décisions obligeantes, une Assemblée de cinq délégués (femmes et hommes) par pays participant sera constituée. L’autorité de la conférence augmentera avec le nombre de pays qui enverront des délégations légitimées ; il est donc important de viser dans tous les pays à obtenir que des délégués soient élus. Cependant, il est également possible que des organisations participantes et des individus s’entendent sur un quota des délégués.
Ces délégations doivent aussi préparer les rapports des pays. Pour plus d’information, voire le site web de la Conférence des travailleurs de l’automobile : www.automotiveworkers.org
Comme avant, des forums des grands groupes se tiendront lors de la conférence pour délibérer de la lutte commune dans le groupe : à présent, il y a un forum commun pour GM et PSA, et à ce jour, il n’y a pas de proposition de changement. Nous avons besoin de renforcer (et de rajeunir) les représentants internationaux, si possible aussi par des collègues de PSA. Les représentants élus actuels sont Carlos Luiz Prates Mancha / Brésil, Frank Hammer / États-Unis et Fritz Hofmann / Allemagne.
Ce rapport est basé sur de nombreuses informations, dont nous vous remercions. Cette fois-ci, elles ont été réunies par Frank et Fritz.
Salutations solidaires
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